La station thermale de Divonne-les-Bains, nichée entre le lac Léman et le massif du Jura, s'apprête à vivre un tournant majeur. Après des années de gestion privée et de tensions avec son exploitant, la municipalité reprend en main les rênes de son établissement thermal. Cette décision marque un changement stratégique pour cette ville de l'Ain, en région Auvergne-Rhône-Alpes, qui mise désormais sur une nouvelle vision pour redynamiser son secteur du bien-être et de la santé.
La décision de reprise municipale : contexte et motivations
Les raisons qui ont poussé la mairie à reprendre la gestion
La mairie de Divonne-les-Bains a décidé de reprendre la gestion des thermes suite à la résiliation du bail avec Valvital, le deuxième groupe de France dans le secteur thermal. Cette rupture fait suite à un différend profond entre les deux parties. La municipalité a justifié cette décision par un manque de transparence et de rigueur de la part de Valvital dans la gestion de l'établissement. Ce climat de méfiance a conduit à un litige financier toujours en cours, Valvital réclamant un dédommagement à la commune pour cette résiliation anticipée.
Pour assurer la continuité du service et garantir le maintien de l'activité, le conseil municipal a voté un budget de quatre cent mille euros destiné à couvrir le fonctionnement de la structure. Cette enveloppe budgétaire inclut notamment la prise en charge de vingt salariés travaillant au sein des thermes. La ville assume ainsi pleinement ses responsabilités en garantissant la préservation des emplois dans cette période de transition délicate.
Les tensions financières ont également pesé dans cette décision. Valvital avait réalisé des travaux pour un montant de deux millions neuf cent mille euros, alors que le prévisionnel initial tablait sur un million sept cent mille euros. Cet écart important a renforcé les doutes de la municipalité quant à la gestion de son partenaire privé.
L'histoire récente des thermes de Divonne-les-Bains
Pendant vingt-deux ans, Valvital a exploité les thermes de Divonne-les-Bains, assurant les soins thermaux conventionnés en rhumatologie et affections psychosomatiques. Cependant, cette longue collaboration n'a pas été exempte de difficultés. Un projet ambitieux d'agrandissement des thermes, estimé à près de soixante-dix millions d'euros, n'a jamais vu le jour, témoignant des obstacles rencontrés dans la modernisation de l'établissement.
La situation s'est aggravée avec la fermeture de l'activité thermale en décembre deux mille vingt-deux. Cette interruption a marqué un coup d'arrêt brutal pour une ville dont l'identité est intimement liée à son patrimoine thermal. Divonne-les-Bains, qui jouit d'une position géographique privilégiée entre lac et montagne, à seulement une heure trente de stations réputées comme Chamonix, voyait ainsi l'un de ses atouts majeurs menacé.
Le maire Vincent Scattolin a estimé qu'il faudrait environ deux ans pour trouver un nouvel opérateur capable de relancer l'activité et d'effectuer les rénovations nécessaires, voire une reconstruction partielle des infrastructures. Cette période de transition représente un défi considérable pour la commune qui doit maintenir l'attractivité de sa station thermale tout en préparant son avenir.
Les enjeux économiques et touristiques de cette transition
L'impact sur l'attractivité de la station thermale
La reprise municipale des thermes de Divonne-les-Bains constitue un enjeu stratégique pour l'attractivité de la ville. En reprenant la main sur cet équipement emblématique, la municipalité affirme sa volonté de redonner à la station une place de premier plan dans le domaine du bien-être. Cette ambition se concrétise par l'engagement de négociations exclusives avec Linkcity, filiale de Bouygues Immobilier, décision votée lors du conseil municipal du douze mai.
Le projet porté par Linkcity est ambitieux et multidimensionnel. Il prévoit la reprise de l'activité thermale conventionnée pour les orientations en rhumatologie et affections psychosomatiques, garantissant ainsi la continuité des soins thérapeutiques. Au-delà du thermalisme traditionnel, le projet envisage la création d'un nouveau spa et l'élargissement de l'offre médicale dédiée au bien-être, répondant ainsi aux attentes d'une clientèle de plus en plus diversifiée.
Cette stratégie vise à positionner Divonne-les-Bains comme une destination complète, alliant soins thermaux traditionnels et nouvelles approches du bien-être. L'objectif est de capter une clientèle élargie, dépassant le seul cadre des curistes pour attirer également des visiteurs en quête de détente et de remise en forme.

Les retombées attendues pour l'économie locale
Les retombées économiques de cette reprise sont considérables pour le territoire. Le maintien de l'activité thermale garantit la préservation de vingt emplois directs, auxquels s'ajouteront probablement de nouveaux postes avec le développement prévu de l'offre. Le secteur thermal génère traditionnellement des emplois indirects dans l'hôtellerie, la restauration et les services, créant ainsi un écosystème économique dont bénéficie l'ensemble de la commune.
Le projet de Linkcity inclut également le développement de l'offre hôtelière, répondant à un besoin identifié pour accueillir les curistes et les touristes dans de meilleures conditions. Cette extension de la capacité d'hébergement devrait renforcer l'attractivité de Divonne-les-Bains et prolonger la durée des séjours, multipliant ainsi les retombées économiques locales.
La municipalité mise sur un acteur privé solide, capable d'investir dans la modernisation des infrastructures tout en garantissant la pérennité de l'activité. Le conseil municipal devra statuer sur la recevabilité du projet final et de l'offre financière de Linkcity au plus tard le trente et un décembre deux mille vingt-cinq, marquant ainsi une échéance cruciale pour l'avenir de la station.
Les perspectives d'avenir pour les thermes sous gestion publique
Les projets de modernisation et d'investissement prévus
La reprise municipale ouvre la voie à une modernisation en profondeur des infrastructures thermales. Les installations actuelles nécessitent des rénovations importantes, voire une reconstruction partielle, pour répondre aux standards contemporains et aux attentes d'une clientèle exigeante. Cette remise à niveau représente un investissement conséquent, mais indispensable pour assurer la compétitivité de la station face à la concurrence des autres établissements thermaux français.
Le nouveau complexe devra intégrer les dernières innovations en matière de soins thermaux et de bien-être, tout en préservant l'authenticité qui fait la réputation de Divonne-les-Bains. Les équipements modernes permettront d'élargir la palette de soins proposés, combinant les vertus thérapeutiques reconnues des eaux thermales avec des approches complémentaires axées sur la relaxation et la prévention santé.
L'échec du précédent projet d'agrandissement, dont le coût avoisinait les soixante-dix millions d'euros, a servi de leçon. La nouvelle approche privilégie un partenariat avec un acteur privé disposant de l'expertise et des capacités financières nécessaires pour mener à bien un tel projet. Cette collaboration public-privé devrait permettre de mutualiser les risques tout en garantissant l'ancrage territorial de l'établissement.
La vision à long terme pour le développement thermal
Au-delà des aspects strictement thermaux, la municipalité envisage un développement global qui positionne Divonne-les-Bains comme une destination de santé et de bien-être à part entière. L'élargissement de l'offre médicale dédiée au bien-être témoigne de cette ambition de créer un véritable pôle de santé intégré, combinant prévention, soins et remise en forme.
La situation géographique exceptionnelle de la ville, entre le lac Léman et le Jura, constitue un atout majeur pour ce développement. La proximité avec des destinations touristiques renommées comme Chamonix, accessible en une heure trente de voiture, permet d'envisager des synergies avec le tourisme de montagne et de créer des offres combinées attractives pour une clientèle internationale.
La transparence dans la gestion, point sensible ayant conduit à la rupture avec Valvital, sera au cœur de la nouvelle gouvernance. La municipalité entend tirer les enseignements du passé pour construire un partenariat solide et durable avec son futur opérateur. Cette exigence de rigueur et de clarté dans les relations contractuelles devrait garantir la stabilité nécessaire au développement à long terme de l'établissement.
Le choix de Linkcity, filiale d'un grand groupe immobilier reconnu, traduit cette volonté de s'appuyer sur un partenaire fiable et expérimenté. Si le conseil municipal valide définitivement le projet d'ici la fin de l'année deux mille vingt-cinq, Divonne-les-Bains pourra entamer une nouvelle page de son histoire thermale, conjuguant tradition et modernité pour offrir à ses visiteurs une expérience de bien-être renouvelée et enrichie.



















